Sortie le vendredi 14 septembre 2018
1. T69 collapse
2. 1st 44
3. MT1 t29r2
4. abundance10edit[2 R8’s, FZ20m & a 909]
5. pthex
Lorsqu’un album est loué par les fans, critiques et musiciens eux-mêmes pour les prouesses technologiques et le savoir-faire de vieux briscard de son auteur, on a déjà toutes les raisons d’imaginer que l’inspiration sera aux abonnés absents. C’était le cas de Syro, dernier long-format dévoilé par Richard D. James il y a quatre ans presque jour pour jour, pâle imitation en carton des chefs-d’œuvre passés dont les gimmicks moulinées en petit braquet et la façade léchée cachaient mal le manque de substance et de créativité.
Depuis, l’organique quoique inabouti Computer Controlled Acoustic Instruments Pt 2 et dans une moindre mesure l’inégal quoique généreux Cheetah EP d’il y a deux ans avaient quelque peu rectifié le tir, mais c’est véritablement par l’intermédiaire de ce Collapse que le Britannique retrouve ses galons, certes pas ceux du créateur de formes des Selected Ambient Works ou du Richard D. James Album, rien de bien nouveau sous le soleil ici mais au moins ceux d’un artiste singulier dont l’univers maintes fois plagié possède ce petit quelque chose que les autres n’ont pas, cette urgence décadrée, ces sautes d’humeur névrotiques et autres arythmies à danser sur la tête qui faisaient déjà tout le prix du premier extrait T69 collapse.
Meilleure sortie d’AFX depuis son projet Analord, série de vinyles à la gloire de l’acid techno parue sur son label Rephlex au mitan des années 2000, c’est plutôt avec la schizophrénie des morceaux les plus dynamiques du sommet Drukqs que renouent ces instrumentaux aux rythmiques chaotiques et déstructurées sans verser dans l’abscons pour autant, pleines de ruptures de tempo, de beats en caoutchouc rebondissant sous les parois d’un crâne en ébullition, flirtant parfois avec le breakbeat le plus old school voire avec le hip-hop (1st 44) sans se départir de leur dimension résolument tordue et de leurs harmonies de synthés inquiétantes. Le malaisant pthex en particulier retrouve pleinement cet esprit ludique et hanté à la fois, tandis qu’abundance10edit, plus onirique voire mélodique, a quelque chose de l’innocente mélancolie du Richard D. James Album, enveloppée dans un concassage rythmique à la Autechre des 90s.
Autant dire que cette fois, la madeleine de Proust fonctionne à plein régime, même les fans de Plaid trouveront leur bonheur dans les séquençages cristallins des claviers du délicieusement percussif MT1 t29r2, c’est plus qu’il n’en fallait aux nostalgiques d’un label Warp dont seuls Autechre et Leila (avec un petit coup de main tout de même du vétéran Eno et de l’excellent Mark Pritchard) semblaient garantir la réputation depuis quelques années.