Sortie le vendredi 25 octobre 2019
1. Opening
2. Nanook
3. Family
4. Kayak Fragile
5. Pelages
6. Babies
7. Première Chasse
8. Walrus Hunting
9. Winter’s Coming (Rencontres Sur La Banquise)
10. Igloos
11. Morning
12. Un Autre Départ
13. Lights
14. ...Et le Blizzard
En 2013, le Festival International du Film de La Rochelle contacte Christine Ott et lui propose, 91 ans plus tard, de réinventer la bande originale du film Nanook of the North de Robert Flaherty. Le film traduit le quotidien d’une famille Eskimo de la baie d’Hudson, entre nomadisme, pêche, chasse au phoque et combats divers, ce mouvement glacial de tous les instants est admirablement traduit en musique par l’artiste.
Pour ce faire, elle a toutefois su se décaler. Admirée pour son jeu aux Ondes Martenot qui lui a permis de côtoyer rien de moins que Radiohead, Tindersticks ou Yann Tiersen, Christine Ott a opté pour une orchestration acoustique à base de piano, gong et percussions, et a convié Torsten Böttcher au hang, à la kalimba ou didgeridoo. Les deux artistes avaient déjà signé la bande originale de Tabu en 2012.
Sur Nanook of the North, la gestion du temps et des silences est sans doute ce qui impressionne le plus. Si le disque se suffit à lui-même - au-delà des images du film - il n’est pour autant pas facile d’accès. Le piano cristallin épouse des souffles polaires (Opening ou ce Nanook que l’on croirait composé par le génial Akira Kosemura) mais peut également se montrer à la fois virevoltant et inquiétant (Walrus Hunting), tandis que le hang répond à la kalimba (Pelages, Igloos) et que le didgeridoo soutient des gongs liquéfiants (Winter’s Coming).
Entre néoclassique et jazz, le spectre est large et le duo en explore une part conséquente des contours. Sombres ou sautillantes, jamais plombantes, les compositions telluriques nous ramènent à des éléments primaires qu’il serait finalement assez urgent de considérer comme actuels. En effet, comment peut-on se projeter sur une planète dont nous refusons de comprendre les besoins ? Le pouvoir de la musique est fort lorsque de tels questionnements s’ajoutent à la beauté intrinsèque des compositions. Christine Ott et Torsten Böttcher accomplissent donc une œuvre à la fois maligne et pleine de justesse.