Sortie le dimanche 23 août 2020

1. Infancy
2. Childhood
3. Teenager
4. Young Man
5. Middle Age
6. Old Man
7. Death
8. Childhood (Minddivided Remix)
9. Infancy (Selenic Remix by Thermidor)
10. Childhood (aAirial Remix)
11. Childhood (4T Thieves Remix)
12. Childhood (Freemasonry Remix)
13. Young Man (Autoclav1.1 Remix)
14. Childhood (The Pixel Door Remix)
15. Childhood (UDPWNF Remix)

Année chargée pour Tokee déjà à l’honneur trois fois dans nos pages ces derniers mois, pour le superbe Dust Forbids the Bird to Sing avec Mark Spybey, The Collider Circle au côté de Tapage qui pourrait bien finir sur notre podium des EPs de 2020 ou encore le dernier opus de son side-project dark ambient Massaith qui nous avait gratifié au passage d’un fulgurant inédit en vidéo. Dernière sortie en date pour le Russe et téléchargeable à prix libre sur la page Bandcamp du label bulgare Mahorka, Stages est aussi la moins tourmentée et pour cause, Anatoly Grinberg y rend hommage aux sonorités de son enfance dans les années 80 d’avant la chute de l’URSS et notamment à la synth-pop, mais surtout à sa mère disparue il y a trois ans et dont la bienveillance irrigue ces compos electronica lumineuses et d’une candeur aussi réjouissante que surprenante de la part du musicien.

Organisée comme un cycle de vie, des premiers mois d’existence à la mort (les fameux "stages" du titre), la face A du disque est constituée des 7 morceaux originaux de Tokee, dont la face B présente 8 remixes par des musiciens amis. Parmi ces derniers, on saluera en particulier le Childhood de Mind.divided à la fois plus percutant et plus éthéré que l’original, lui-même sommet du disque avec ses circonvolutions mélancoliques aux lignes claires dignes de la grande époque de Plaid, et la version d’aAirial qui fait du même titre un hymne aux rêveries mi-inquiétantes, mi naïves de l’enfance. Tandis qu’UDPWNF ou The Pixel Door accentuent l’aspect IDM tristounet du morceau, décidément très prisé des remixeurs, d’autres tels que Freemasonry et 4T Thieves le reprennent avec davantage d’emphase pour mieux l’ancrer dans les sonorités de l’époque à laquelle le disque s’attache, à l’image également de Thermidor et de son Infancy marqué par les synthés des années 80.

Avec ses percussions cristallines, Infancy qui ouvre l’album est lui-même une belle réussite dont la dynamique semble d’abord incarner toute la dimension elliptique du disque, faisant avancer comme en accéléré les heures, jours, semaines, mois et années jusqu’à cette incursion lyrique du genre de violon synthétique auquel peu de musiciens peuvent se targuer d’avoir su insuffler autant de vie et de sincérité. Des textures pulsées plus claires-obscures de Teenager au arpeggiators spleenétiques d’un Death flirtant avec l’abstract hip-hop en passant par les élans techno de Old Man ou la désarmante naïveté synth-pop de Young Man, réinterprété plus loin en version housy par l’ex comparse de l’époque Tympanik Audio Autoclav1.1, le reste de l’album ne démérite pas et dresse le portrait tantôt vécu ou fantasmé d’une existence faite de curiosité et de passion, celle d’un artiste désormais en plein dans le Middle Age et qui continue de vouer son temps et son énergie à la musique contre vents et marées.



( RabbitInYourHeadlights )

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