Sortie le mardi 18 juillet 2023

1. Alien Nation (Intro)
2. Problems
3. His Country
4. Nah Son (Interlude)
5. Relax
6. Old Men (feat. Allen Thomas)
7. Future See
8. Paradise (feat. Deacon the Villain)
9. Equality
10. Realign

Constitué sur album des seuls Day Tripper (au rap) et Dr. Conspiracy (aux instrus), The Difference Machine sévit depuis maintenant une dizaine d’années dans un hip-hop aux tendances abstract et mélangeuses et aux sonorités psychédéliques, quelque part entre Def Jux, Edan et DJ Shadow (autant dire qu’on a fait pire comme patronage). On vous avait déjà parlé du sommet The 4th Side of the Eternal Triangle en 2016 et de la géniale échappée solo de Conspiracy la même année, encore plus mystique et dont le beatmaking lofi nous évoquait la clique d’Anticon à la grande époque. Quant à Day Tripper, son sympathique What a time to be DEAD de janvier dernier à la production soulful manquait probablement d’une vraie vision aux manettes, tout le contraire en somme de cet Alien Nation and the Black Adolescent qui réunit le duo d’Atlanta autour d’un concept ancré dans son époque, manifeste très personnel pour son MC qui y raconte son mal-être d’adolescent afro-américain étranger dans son propre pays.

D’emblée, c’est évidemment un plaisir de retrouver la luxuriance bricolée du sampling de Conspiracy et sa dimension narrative encore plus poussée ici qu’à l’accoutumée. Avec un savant sens du crescendo, l’album déroule son récit, d’abord presque spoken word sur un Problems ambient et dystopique, les premiers beats boom bap et autres scratches au cordeau ne faisant leur apparition que sur His Country, sorte de crossover épuré entre Morricone et David Axelrod auquel il ne manquerait qu’un soupçon de folie et de liberté. C’est Relax qui y remédie et vient azimuter tout ça avec un cauchemar narcotique et fiévreux à la Captain Murphy, voix pitchées à l’appui, tandis que l’inquiétant Old Men avec ses allures de western urbain met très haut la barre en termes atmosphère, crépusculaire et fantomatique à souhait. Entre le spleen minimaliste de Future See, la lo-fi rétrofuturiste et onirique de Paradise et Realign réminiscents du superbe Desert Eagle de Sole (15 ans déjà !) ou l’hypnotisme aux basses profondes d’Equality, la suite du disque ne démérite pas et conserve une humeur gueule de bois assez singulière dans le paysage actuel.

Seul regret, la courte durée de l’ensemble qui avec seulement 27 minutes au compteur pourrait presque office de gros EP... qu’importe, on est encore face à un petit classique en puissance de la part de ce projet qui mériterait décidément davantage de reconnaissance de la part des amateurs du genre.



( RabbitInYourHeadlights )

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