Sortie le mercredi 26 juin 2024
1. DUD
2. INFLAME
3. HORRORSCORE
4. PIPE DREAMED
5. POTENTIALS
6. WEATHER CLIQUE
7. CRAWL (feat. Vladimir Leanin)
8. FLOWERS (feat. Zebadiah Witch)
9. BINGO (Bonus track)
On le clame haut et fort en ces pages, en particulier depuis la belle série d’EPs des dernières années en compagnie du MC de Washington Black Saturn, dont le dernier en date, Infinite Fidelity, était chroniqué dans nos colonnes par ici (cf. #8) : Grosso Gadgetto rivalise régulièrement, entre deux sorties plus électroniques ou ambient, avec les productions de Techno Animal ou surtout de Dälek et n’a pas grand chose à envier, en termes de beatmaking à la fois massif, abrasif et vaporeux, aux plus belles réussites du groupe américain emmené par le rappeur Will Brooks.
Et c’est peut-être encore plus vrai ces jours-ci avec Astro Travail, première collaboration du Villeurbannais que le monde entier devrait nous envier avec le crew hip-hop britannique Billion O’Clock, soit une dizaine de rappeurs dont un basé en Suède et un autre aux US. Procédant par échange de fichiers, le Français et ses compères d’outre-Manche, parfois juqu’à 4 à rapper sur un même track à l’image du stellaire et discrètement jazzy Flowers, sont définitivement sur la même longueur ici, celle d’un rap insidieux et pesant aux influences SF dystopiques (cf. la pochette), le plus souvent downtempo (Dud) ou parfois plus percutant (Inflame, Horroscore), mais toujours entièrement dédié à ses atmosphères anxiogènes et irradiées, les flows se mêlant à l’ensemble avec force effets sans jamais faire le spectacle ni même tirer la couverture à eux de quelque manière que ce soit, pour simplement remplir les interstices des beats aux beaux restes indus (Potentials, Weather Clique) et des nappes aux textures bouillonnantes (Pipe Dreamed), doublées ici ou là d’arpeggiators synthétiques (Crawl).
Seul sur l’instru bonus Bingo en guise de conclusion, c’est Grosso Gadgetto qui aura donc le dernier mot, véritable architecte de ce disque où les versets des intervenants ne sont qu’éléments parmi d’autres d’un grand maelstrom corrosif et malaisant, moins conseillé finalement aux amateurs de hip-hop canal historique qu’aux aficionados d’abstract crépusculaire ou même de dark ambient.