Tir groupé d’Araki Records ce coup-ci dans notre bilan avec deux beaux albums, pour autant les guitares bruyantes et autres mélodies écorchées n’étaient pas seules à briller en ce mois de septembre avec un concentré de jazz expé et de hip-hop anticonformiste dans le top 5, puis un peu plus loin de la pop exubérante, du metal-indus, du post-rock, de l’IDM... un échantillon plutôt bien fourni en somme de nos coups de coeur de cette rentrée, qui n’en finit plus de s’éterniser avec un mois d’octobre tout aussi passionnant et chargé.
1. Paradise Cinema - returning, dream
Rabbit : "Sous le pseudonyme de Paradise Cinema se cache nul autre que le multi-instrumentiste londonien Jack Wyllie, leader des fabuleux Portico Quartet, accompagné du batteur australien Laurence Pike de PVT... oui, les anciens Pivot de chez Warp Records) et des percussionnistes sénégalais Khadim Mbaye et Tons Sambe. Alors, encore un album de jazz métissé aux élans lyriques et sous le signe de l’Afrique cette fois ? Eh bien oui et non : oui, forcément, pour la dimension percussive de ce returning, dream dont les polyrythmies boisées, agrémentées ici de flûte (a morning in the near future, crossing), là de saxo aux effluves ethio-jazz (python, night search) évoquent forcément le continent de Tony Allen et Mulatu Astatke ; et non, parce qu’avec le second long-format en 4 ans de ce side-project toujours habillé de synthés ambient du plus bel effet, le Britannique nous emmène aussi dans d’autres contrées, celles du minimalisme répétitif et hypnotique des Steve Reich et Terry Riley. Singulier, vibrant, dépaysant comme du Vieo Abiungo et par conséquent passionnant."
Elnorton : En effet, j’allais baser mon argumentaire sur cette dualité entre les synthétiseurs ambient et les percussions africaines. En musique, peut-être plus encore qu’avant, j’aime lorsque l’on navigue entre deux eaux, quand on ne sait pas réellement sur quel pied danser. Ce que l’on appelait auparavant la fusion. Ce disque rafraîchissant à souhait en constitue une illustration assez manifeste. Lorsque deux cultures (au sens le plus large du terme) se rencontrent et se nourrissent mutuellement, c’est l’audace et - ici - la tranquillité qui prennent le dessus. À bon entendeur.
2. Colin Stetson - The love it took to leave you
Rabbit : "Si le Colin Stetson nouveau, quoique toujours aussi singulier, ne surprend plus vraiment les aficionados, il s’avère tout aussi impressionnant que son prédécesseur de l’an passé, When we were that what wept for the sea : les deux derniers opus du saxophoniste et clarinettiste américain ont en effet en commun une vibration étonnamment accessible, presque mélodique dans son abstraction, tantôt ambient ou plus dynamique, jouant ici sur les variations dans la répétion (The Augur n’est d’ailleurs pas sans évoquer Philip Glass) ou là sur des progressions plus atmosphériques (To think we knew from fear, So say the soaring bullbats), pour un résultat quoi qu’il en soit de plus en plus habité à mesure que les harmonies vocales et autres percussions gagnent du terrain dans la musique du Montréalais d’adoption."
Elnorton : Relativement accessible et mélodique (pour du Colin Stetson), effectivement, mais attention, The Love It Took To Leave You n’est néanmoins pas à la portée de la première paire d’oreilles venue. Cette odyssée noire mêle abstractions bruitistes et vents capiteux pour un résultat sombre mais savoureusement addictif.
3. Phiik & Lungs - Carrot Season
Rabbit : "Seconde collaboration pour les deux New-Yorkais qui ont su s’entourer (Zeroh au mix, et quelques favoris maison tels que Homeboy Sandman, Fatboi Sharif ou AKAI SOLO en guests au micro), révélant au passage un certain OLASEGUN qui produit l’ensemble du disque avec brio, dans une veine rappelant par moments la froideur menaçante de Company Flow (Daily Operation, Zombified) et les déstructurations d’Antipop Consortium (Amazon Breakfast). Portés sur le glitch (WHO / Eagle Eye) et les percus polyrythmiques (PSG Grip), entrecoupés de scratches subliminaux à la Buck 65 des débuts (Scratch Off, Shorty Broke My Heart At An Usher Concert In Winnipeg), les beats donnent le ton de l’ADN du projet, qu’il serait pourtant dommage de réduire à ces influences malgré les flows au diapason, véloces et presque désincarnés des deux rappeurs. Car du boom bap 90s (Gazpacho, Curb Melders) au jazz (Uber Dents, Abilify Robe, Paradigm Shift) en passant par le sampling rétro/psyché (Left The Game Dizzy, Kurt Mcburt) ou la lofi déglinguée (John Taffer, Stop Sleeping), Carrot Season fait en réalité feu de tout bois, et s’annonce d’ores et déjà comme un inépuisable de cette fin d’année."
4. Boucan - Deux
Rabbit : D’autres en parleront mieux que moi dans l’équipe et sûrement avec davantage de passion mais Boucan, duo basse/batterie composé de Benjamin Munier et Raphaël Aboulker dont il s’agit là du deuxième opus comme l’indique sobrement l’intitulé du disque, c’est une belle belle tranche de noise rock instru dont les morceaux évoluent constamment, la dimension math-rock ne prenant jamais le pas sur l’aspect rêche, abrasif et brut de décoffrage même lorsque le groupe ralentit momentanément la cadence comme c’est le cas avec Sabotage(s) et Valse, entorse, post-rock aux entournures. Très bon, comme souvent avec Araki Records, et la présence de deux de leurs sorties dans cette sélection en témoigne une fois de plus.
Le Crapaud : Voilà un groupe qui ne passe pas par quatre chemins, mais par deux (ou Part-Dieu, puisqu’ils viennent de Lyon…). Le nom (en effet, ça fait du bruit), le titre de l’album (à double entrée : un duo qui sort son deuxième album), tout est immédiat. Cette absence d’intermédiaire caractérise bien leur musique. Immédiate, sans être simple pour autant. Il faut d’ailleurs un trésor d’ingéniosité pour renouveler cette forme duo basse/batterie strictement instrumentale. En glissant d’un style à l’autre sur l’échelle du noise rock, du mathcore au post-rock, Boucan esquive habilement les chausse-trappes lénifiantes de chaque genre pour trouver, avec vigueur et enthousiasme, la voie qui est la sienne. Du boucan, oui, mais du bon ! Parce que du boucan sale, grossier, lucratif, on en trouve. Mais le bon boucan est nettement plus rare. Et celui-ci dépote. Un duo qu’on a hâte de voir se déchaîner sur scène !
5. Nonstop - Alien au pays des aliénés
Rabbit : "Le trop rare Frédo Roman aka Nonstop est au rap ce que le Diabologum de 3 fut au rock sous nos horizons, name-dropping absolument pas fortuit puisqu’entre des tournées avec d’anciens membres du groupe, la production signée Arnaud Michniak de l’increvable Road Movie en Béquilles et un univers à la fois nihiliste et révolté, les liens entre les deux projets sont multiples. Trois ans après Zyklon Bio, Renan Guilcher remet le couvert aux productions synthétiques, écrins de futurisme dystopique assez parfaits pour le spoken word du bonhomme, tissant ainsi quelques atomes crochus avec le chef-d’oeuvre de Zippo. Toutefois, l’imagerie de Nonstop, volontiers absurde et morbide, demeure absolument unique dans le paysage français comme au-delà, déroulant ses visions d’effondrement social et autres associations d’idées qui se marchent sur la tête à coups de punchlines aussi jouissives que décalées si ce n’est carrément dérangeantes ("Un bébé trop cuit, un poulet dans une poussette : le train-train qui déraille"), comme autant de distorsions aberrantes de la réalité. À la croisée de l’introspection désabusée ("J’avais tout compris avant les autres, un sèche-cheveux devant un méga-feu, j’étais le plus malin du tas de cendres") et d’une lucidité sans concession sur notre condition ("Le berceau de l’humanité était trop près du mur"), rêveries cosmiques (Crocodile Gandhi, Un pyromane en hiver, Afterwork à l’aftershave), fables régressives (L’an 01, Autoportrait dans un miroir convexe) et hallucinations abrasives (Ambiance bon enfant, Alain Proust), une nouvelle dinguerie de storytelling de fin des temps, dont on n’aura pas assez de cette fin d’année pour faire le tour."
6. Saint Sadrill - Frater Crater
Le Crapaud : Peut-être plus connu pour ses prestations avec le groupe jazz/prog Chromb !, Antoine Mermet a une carrière solo qui mérite également qu’on s’y penche. Ne serait-ce que pour la beauté des pochettes, l’approche originale qu’il propose de la pop, la qualité des productions. Mais c’est encore et plutôt pour l’écriture de ses chansons inclassables qu’il faut s’intéresser à ce nouvel album. Six ans après la majestueuse douceur de Pierrefilant, avec le même sextette, Frater Crater prolonge la rêverie mélancolique dans des morceaux vaporeux, qui touchent à l’esprit avant le corps, provoquant une lévitation jouissive aux auditeurs les moins sensibles à la gravité. Avec toujours ce falsetto fragile, la voix d’Antoine Mermet égraine des mélodies complexes, pleines de tendresse et de nostalgie, parfois difficiles à saisir, à retenir, mais jamais trop alambiquées. On a bien affaire à une forme de pop, tantôt minimale, tantôt exubérante, jamais simpliste. Une musique sensible qui incarne parfaitement la personnalité inimitable de ce musicien de l’underground que tout promet à la lumière tamisée de l’automne.
leoluce : Saint Sadrill poursuit son bonhomme de chemin, rare et esseulé et ce faisant, ajoute des pierres à un édifice très singulier. Frater Crater montre son lot de points communs avec Pierrefilant (2018) mais comme Antoine Mermet reste un adepte du mouvement immobile, ce nouvel album s’en démarque aussi. Rien de drastiquement différent mais un vrai épaississement, à l’image de la pochette fauve qui rompt quelque peu avec l’épure de celle du disque précédent. Parce que côté musique, c’est la même chose : c’est encore plus foisonnant dans son exubérance, tordu dans sa rigueur, économe dans son minimalisme, mélodique dans ses chausse-trapes et ça dessine un genre d’équivalent français à Robert Wyatt. Époustouflant.
7. Monolake - Studio
Rabbit : "L’Allemand Robert Henke est de retour en très belle forme avec son légendaire projet Monolake aux presque 30 années d’existence. Sur Studio, le musicien berlinois pionnier des télescopages de techno minimale, de dub et d’IDM revient à ce qu’il sait faire de mieux, une électronique cinématographique (voire carrément narrative, cf. les liner notes sur Bandcamp) et ultra-dynamique dont la tension de tous les instants parvient à mêler ossature épurée, virtuosité discrète et sound design mouvant, le tout avec un sens aigu du détail tout en évitant le piège de l’emphase surchargée ou du genre de surproduction ostentatoire avec laquelle flirtait l’opus précédent."
Elnorton : Ni plus ni moins que, selon moi, le disque du mois. L’IDM de Monolake retrouve une seconde jeunesse avec ce Studio tout sauf désincarné qui mêle synthés stellaires et rythmiques déstructurées à un travail de sape permanent qui évite à l’ensemble de ronronner. Entendons par là que l’Allemand ne se contente pas de répéter et décliner la même mélodie à l’infini mais, même quand il trouve un thème efficace, lui ajoute des effets et lignes de synthés supplémentaires pour emmener l’auditeur dans une nouvelle direction. Un titre tel que Stasis Field est, comme d’autres, un joli modèle de périple électronique non linéaire à l’intensité sans cesse renouvelée. Pas loin des chefs-d’oeuvre des mètres-étalons du genre il y a trente ans.
8. Khost - Many Things Afflict Us Few Things Console Us
Rabbit : Avec le label britannique Cold Spring, label vétéran des musiques radicales aux près de 35 années d’activité par lequel sont notamment passés Merzbow, Colossloth, Kollaps, Lull ou Psychic TV, les amateurs d’extrémités en tous genres, de l’indus au harsh noise en passant par le dark ambient, sont certains de trouver chaussure à leur pied. C’est le cas pour nous avec Khost, projet doom/indus de l’Anglais Andy Swan (Iroha), un proche de Goldflesh qui en est ici à son 5e long chez Cold Spring et impressionne sur un format atypique (18 titres de durées très variables), déployant une sorte de bande originale imaginaire du caveau où le grunt laisse place au violoncelle doublé de chant mystique, les beats industriels à des plages de saturations abstraites et viciées, ou le downtempo caverneux à des guitares presque shoegaze. Parmi les contributeurs au micro, on croise Terence Hannum de Locrian sous le pseudonyme Axebreaker, ou encore Manuel Liebeskind du label Skin and Speech au spoken word. À explorer sans modération, mais à condition d’avoir les oreilles bien accrochées !
8. Don Aman - Open
leoluce : "Partagé entre folk et noise, indie, pop et post-rock, Don Aman continue à se foutre des étiquettes : il joue du Don Aman et c’est tout. Open débute par un instrumental et poursuit sa route cahoteuse et sinueuse en ajoutant du chant. Partagés entre enluminures et grosses bourrasques, les morceaux défilent, tous identiques et tous différents. Aucun rapport par exemple entre l’éponyme qui emmagasine pas mal de tension et le très solaire Fishtank et pourtant, beaucoup de points communs aussi : leurs brisures et lignes de fuite, le vent et le silence qui parcourent le moindre interstice et au bout, à chaque fois, presque la transe.
On pourrait croire de prime abord qu’Open se concentre sur des couleurs diaphanes, presque délavées mais les aplats vifs ou de gros segments noirs qui claquent viennent régulièrement contraster l’écoute, la rendant vivante tout en préservant son harmonie. Alors, inutile de s’embarquer dans une description fastidieuse, tous les morceaux sont à la même hauteur et trouvent leur place : Open est une nouvelle fois le meilleur album de Don Aman, ce qui laisse pantois quand on sait que les précédents se plaçaient déjà à des hauteurs vertigineuses."
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10. We Are Winter’s Blue and Radiant Children - "No More Apocalypse Father"
Rabbit : "Le nouveau quartette d’Efrim Menuck partage davantage avec ses aînés GY !BE que la seule présence du leader canadien du label Constellation et du studio montréalais Hotel2Tango, ici à la guitare et au chant en compagnie de Mat Ball (BIG|BRAVE) et de ses protégés Jonathan Downs et Patch One de feu Ada, puisqu’on y contemple comme souvent la rudesse de l’hiver québécois, et l’effondrement annoncé du monde avec l’extase de celui qui a encore foi en sa reconstruction. Pour le reste, on est plutôt du côté drone voire ambient-"pop" (quoique sans concession) de la force, les hymnes plus ou moins élégiaques (Uncloudy Days, (Goodnight) White Phosphorous) et/ou rugueux (Rats And Roses, Tremble Pour Light) habités par les vocalises/poèmes en apesanteur de Menuck succédant aux tempêtes de textures abrasives façon crescendos de symphonie noise (No More Apocalypse Father, Dangling Blanket From A Balcony), et vice-versa. Comme du Spiritualized de la grande époque à la sauce Gizeh Records."
ECID - Post Euphoria 4 : Same Team
Rabbit : "Avec ses contrepieds inattendus, sa vibe branleuse et tristounette et son aspect plus lo-fi qu’à l’accoutumée entre rap décalé et pop bricolée (Back To Jail), c’est parfois ici les premiers albums de The Streets qu’évoque l’Américain Jason Mckenzie désormais basé à Brooklyn, le lyrisme en moins, comme sur le baroque They Don’t Even Mean It ou le final SAME TEAM. Satire de notre quotidien désincarné au rythme des réseaux, de la technologie et de la publicité (APPLE RiNG) y côtoie difficultés familiales et gueule de bois post-rupture, tandis que de fausses annonces aux voix pitchées entre chaque titre se font le reflet de la nouvelle passion de l’ex Saturday Morning Soundtrack pour les sketchs façon Saturday Night Live, qu’il cultive désormais à New York en fréquentant des cours de comédie."
Fat Tony, Fatboi Sharif & steel tipped dove - Brain Candy
Rabbit : "Après Duncecap et Roper Williams, c’est au producteur steel tipped dove (metteur en son ces dernières années pour Alaska de feu Atoms Family, Armand Hammer et billy woods, ShrapKnel ou encore les deux MCs de ces derniers PremRock et Curly Castro) et au rappeur Fat Tony que s’associe l’Américain Fatboi Sharif pour un recueil de morceaux certes moins radical et barré que Something About Shirley mais non moins particulier avec ses instrus downtempo à la fois atmosphériques et percutants, mi-dystopiques mi-bariolés faisant ressortir les flows contrastés des deux rappeurs, l’un clair et volubile (Fat Tony), l’autre pesant et éraillé (Fatboi Sharif donc, surnommé par chez nous l’ogre du New Jersey)."
Rabbit :
1. Colin Stetson - The love it took to leave you
2. Nonstop - Alien au pays des aliénés
3. Paradise Cinema - returning, dream
4. Wahn - Drifted Vol. 2
5. Phiik & Lungs - Carrot Season
6. Khost - Many Things Afflict Us Few Things Console Us
7. KHΛOMΛИ - X.e.K
8. Tapage & Guro Kverndokk - The Elephant Started Crying While Listening To Herself Sing
9. Bruno Bernard - lisières
10. Monolake - Studio
Elnorton :
1. Monolake - Studio
2. Trentemøller - Dreamweaver
3. Being Dead - EELS
4. Tindersticks - Soft Tissue
5. Paradise Cinema - Returning, Dream
6. Colin Stetson - The Love It Took To Leave You
leoluce :
1. Aluk Todolo - Lux
2. Boucan - Deux
3. Don Aman - Open
4. Upupayāma - Mount Elephant
5. Saint Sadrill - Frater Crater
Le Crapaud :
Boucan - Deux
The Alchemist - The Genuine Articulate
Chafouin - Trucs
We Hate You Please Die - Chamber Songs
Saint Sadrill - Frater Crater
Suif - A Run On Thin Ice
Phiik & Lungs - Carrot Season
Don Aman - Open
Sooolem, Anja Loma & Solinca - L’oiseau pourpre
We Are Winter’s Blue and Radiant Children - "No More Apocalypse Father"
Riton :
1. Paradise Cinema - returning, dream
2. Nonstop - Alien au pays des aliénés
3. Colin Stetson - The love it took to leave you
4. The Gaslamp Killer & Jason Wool - ANANDA
5. Collapsed Skull - Your Father’s Rage Evaporated In The Sun
6. Khost - Many Things Afflict Us Few Things Console Us
7. Phiik & Lungs - Carrot Season
8. Xiu Xiu - 13" Frank Beltrame Italian Stiletto with Bison Horn Grips
9. God Is War - Boogeyeman Inc.
10. We Are Winter’s Blue and Radiant Children - "No More Apocalypse Father"