Sortie le vendredi 7 juin 2024
1. genii rhizomata
2. unbound simulator
3. mirroir botanique
4. necromancer’s rampart
5. eolithic errata
6. axon of the artificer
7. you should know by now
8. syrophenikan
9. at port mimizon
10. veil’s hypothesis
Six mois après l’excellent alkahest spectrale dont on avait rapidement touché un mot ici, l’Américain Adam Wetterhan, moitié de feu Methuselah, continuait son bout de chemin dans l’IDM stellaire aux beats concassés avec un ambitieux espejo oscurro aux morceaux longs et immersifs, inspiré par l’écrivain de sci-fi/fantasy ésotérique Gene Wolfe (le titre du final veil’s hypothesis étant par exemple une référence directe au roman "La cinquième tête de Cerbère" daté de 1972). Bien décidé à délaisser les soundscapes abrasifs et isolationnistes des débuts du projet, l’auteur de l’immense Winds n’en cultive pas moins le même genre d’ampleur dans son virage électro des dernières années, de plus en plus réminiscent des plus belles réussites de l’Allemand LPF12 avec lequel il partage un goût des textures ambient influencées par la kosmische musik des années 70 (cf. les 12 minutes downtempo envoûtantes et démesurées d’at port mimizon) et d’un contraste fort entre beatmaking agité et atmosphères presque méditatives (unbound simulator).
Évoquant toujours l’electronica la plus aventureuse et imagée de la première moitié des années 90, celle de The Orb, Beaumont Hannant ou bien sûr le Autechre d’Incunabula ou Tri Repetae pour les morceaux les plus abstraits dans leur dynamique rouleau-compresseur (mirroir botanique), le musicien mêle cette fois process analogique et digital, improvisant live avec des logiciels et des synthés sur les versions successives des morceaux jusqu’à parvenir à de véritables micro-odyssées métamorphes dont le point d’arrivée n’a plus rien à voir avec le point de départ (eolithic errata). Sonorités acid et industrielles (axon of the artificer) voire parfois presque techno versant expérimental et déstructuré (you should know by now) dominent de concert des rythmiques aux motifs mouvants, tandis que les harmonies éthérées dans le background (necromancer’s rampart), tout aussi évolutives, offrent une profondeur de champ particulièrement travaillée aux compositions, dotées d’une étrange vibe de futur jamais réalisé, comme si elles avaient pris la suite d’une braindance libertaire d’il y a 30 ans aujourd’hui quasi disparue - si ce n’est pour un label tel que Xtraplex Records à son meilleur. Passionnant !