Sortie le vendredi 6 décembre 2024
1. Cursed By You All
2. Dead Ending
3. Life Given Life Taken
4. Our Fathers In Heaven
5. Towers
Il y a tout juste 10 ans, Godflesh livrait l’un de ses meilleurs disques, A World Lit Only By Fire, "puits de noirceur old school suant la misanthropie et le chaos urbain, et une réussite de plus à mettre au compteur des pionniers du metal-indus" écrivait-on à l’époque sur ce 7e long-format d’ailleurs présenté par Justin K. Broadrick en personne comme un successeur direct du séminal Streetcleaner. Autant dire que l’on était plutôt emballé à l’idée de découvrir cette relecture "dub" (précisons qu’on est tout de même loin des soundsystems jamaïcains) par le Britannique lui-même, qui marque d’emblée des points en s’avérant encore plus lo-fi et saturée que l’album d’origine, voire à la limite de la sous-production (à se demander si tout ça est même mastérisé etc).
Même minimalisme, les syncopations dub en plus, sur Cursed By You All qui n’en conserve pas moins son ADN industriel et ses riffs metal itératifs... du moins avant de muter en vortex d’échos et de larsens évoquant davantage Techno Animal entre autres side projets bien viciés du natif de Birmingham. "Mutation" est en effet le maître-mot de cette sortie, dont les instrus avaient été laissés inachevés pendant pas mal d’années pour n’être complétés que tout récemment à l’occasion du 10e anniversaire du disque. Soyons clairs, il faudra pour pleinement apprécier avoir une certaine appétence pour les incarnations les plus rêches et radicales du bonhomme, telles que Greymachine ou surtout JK Flesh et plus récemment Exit Electronics, dont Dead Ending finit par prendre la direction techno-indus dans la dernière ligne droite de ses 10 minutes pesantes et anxiogènes.
Moins surprenant si ce n’est pour ses vocals à la Jesu davantage mis en avant sur la fin, Life Given Life Taken est surtout une belle tranche de metal-indus acéré, tandis que Our Fathers In Heaven accentue encore la dimension doom voire dark ambient de l’original Forgive Our Fathers qui clôturait A World Lit Only By Fire à l’époque, quelques clappements électronique venant dynamiser l’ensemble. Enfin, dernier relookage pour un Towers Of Emptiness douché aux synthés dissonants et aux beats carnassiers, concluant l’album par-delà sa chape de grésillements sur une note paradoxalement éthérée.
Une friandise pour les fans de JKB plus que pour ceux de Godflesh peut-être, même si a priori personne dans le lot ne sera déçu.