Sortie le vendredi 28 février 2025
1. Beneath the Roots She Moves
2. Vibrating Memories
3. He Left Alone
4. The Warmth of Two Hearts
5. Rusty People
6. The Last Shepherd
7. In Wind or Dust
Quand Aaron Martin et Dag Rosenqvist sortent en guise de nouvel opus leur bande-son d’un ballet contemporain commissionné par un théâtre suédois, et l’autodistribuent directement sur leur page Bandcamp sans passer par le fidèle label Lost Tribe Sound (dont le fondateur Ryan Keane contribue néanmoins à l’artwork du disque), on pourrait naïvement s’imaginer avoir affaire à un album mineur. Mais ce serait sans compter sur le génie et la vision des auteurs de Woven Tide, dont chaque sortie ou presque ces 15 dernières années fut un petit évènement pour les amateurs de musiques atmosphériques autant qu’une indiscutable réussite artistique, avec pour résultat l’une des plus belles discographies de mémoire récente.
Accompagnés ici d’un choeur (sur l’immense épopée tribale et saturée The Last Shepherd) et de l’excellent Matthew Collings au mastering, le violoncelliste américain et le sculpteur de textures suédois actif auparavant sous le pseudonyme de Jasper TX nous gratifient de tout ce que l’on attend d’un grand album instrumental en 2025 : des atmosphères captivantes alternant doux crescendos lyriques aux arrangements élégiaques (l’introductif Beneath the Roots She Moves, ou The Warmth of Two Hearts entre piano, drone et violoncelle plus ou moins clair ou abrasif) et austérité immersive (les presque 9 minutes de fréquences magnétiques de Rusty People), des morceaux comme autant de chapitres d’un récit imaginaire dont aucun ne ressemble au précédent sans pour autant que la cohérence d’ensemble ne s’en ressente, des contrastes forts (par exemple entre les crépitements noise de Vibrating Memories et le modern classical piano/banjo/carillons du poignant He Left Alone zébré plus discrètement d’interférences bruitistes), des directions inédites (cf. la folk orchestrée et matinée de field recordings du final homonyme In Wind or Dust aux faux-airs de Balmorhea) et surtout un élan narratif qui jamais ne s’essouffle.
Un nouveau joyau en somme, qui prend déjà me concernant la pole position des sorties les plus terrassantes de ce début d’année.