Sortie le dimanche 2 mars 2025
1. Rebirth
2. Your Ways
3. Push Play
4. Session
5. Catch The Hook
6. Pass The Word
7. Mind State
8. Fire Burn
9. As We Used To Say
Pas moins de trois albums pour l’Américain Black Saturn en ce début 2025 - ou plus exactement depuis cette interview - dont l’un, en compagnie du beatmaker canadien Bone Crate, était justement annoncé dans nos colonnes à cette occasion. Si cet Uncontained Cluster ne manque pas d’intérêt avec ses productions lo-fi tirant régulièrement sur le bruitisme, tout comme l’autoproduit Children of the Noise particulièrement bien-nommé et plus radical encore tout en s’avérant plus immersif/expérimental grâce à un sampling évocateur entre deux tranches de rap minimal, c’est surtout la présente collaboration avec les Français Nouvelles Lectures Cosmopolites et Innocent But Guilty, co-éditée par le label Foolish Records de ce dernier et l’écurie hip-hop des Yvelines La Voix dans le Désert, qui retient jusqu’ici toute notre attention.
"Life is just a remix, it’s not how you said it, it’s how you say it" scande sur Push Play, entre rap et spoken word, le MC et poète originaire de Washington. Convoquant le tube électro Pump Up the Volume sur ce même titre ou encore Sinéad O’Connor et Jim Morrison des Doors sur Your Ways, de la même manière qu’étaient cités aussi bien le Wu-Tang que R.E.M. au gré des couplets d’Uncontained Cluster, Ned Jackson de son vrai nom applique cette maxime jusque dans ses lyrics, savant mélange d’allégorie sociale du côté obscur, de spiritualité (ce thème de la "renaissance" qui revient très régulièrement), de philosophie et de réflexions sur la nature transcendantale de la création artistique. Avec son phrasé hypnotique auquel fait écho le morceau Pass the Word avec sa catchphrase "The vocal loop is the ultimate instrument in the 21st century", il n’y a guère que chez Grosso Gadgetto que l’on avait pu entendre le bonhomme habiter à ce point les écrins musicaux sur lesquels il intervient, en l’occurrence à l’équilibre entre hip-hop instru, dark ambient et orchestrations capiteuses, Aloïs Lang de NLC contribuant très fortement à la singularité des productions de ses compères Julien Ash et Arnaud Chatelard grâce à ses incursions de sax darkjazz (Session, Catch The Hook) ou de violon élégiaque (le dystopique Your Ways, le magnétique Push Play).
Beats au cordeau, circonvolutions cuivrées et nappes crépusculaires (Rebirth), groove downtempo et cordes impressionnistes voire presque fantomatiques (Pass The Word), envolées futuristes aux arrangements cinématographiques (Mind State), basses insidieuses et drums massifs (Fire Burn), les variations sont aussi nombreuses que subtiles au sein de ce disque qui louvoie également aux abords du trip-hop ou même de l’IDM (le désespéré As We Used To Say) et dont les morceaux s’enchaînent pourtant comme les mouvements successifs d’un même bloc narratif, tenu de main de maître par une tension de tous les instants. Une irrésistible réussite.