Sortie le vendredi 16 mai 2025

1. Breach

La Chicagoanne Olivia Block fait partie de ces musiciens ambient qui ont gagné leurs galons de compositeurs "savants" auprès d’institutions aux curiosités étriquées, dont notre fameux (hum) Groupe de Recherches Musicales (Ina GRM) national aux quelques 65 ans d’existence fait assurément partie. Disons pour faire court qu’à l’image de William Basinski, Kali Malone et quelques autres, souvent pas les musiciens les plus intéressants du genre (Lucy Railton comptant quant à elle parmi les exceptions, du moins en faisant abstraction de son dernier album), ils sont un peu les arbres qui cachent la forêt des musiques expérimentales actuelles du côté des fanzouzes de l’acousmatique des années 60 qui prétendent s’y intéresser.

Ainsi, on avouera que le long format I Know the Number of the Sand and the Measure of the Sea publié le mois dernier par Room40 et cosigné par Block avec la New-Yorkaise Lea Bertucci n’était pas l’une des sorties les plus fameuses du passionnant label australien, avec son minimalisme ostentatoire, ses contrastes poussifs et ses effets téléphonés, indignes du talent de cette dernière qui avait déjà fait bien plus intéressant au côté du patron Lawrence English en 2023, pour rester sur un artiste programmé, à raison évidemment cette fois, par l’Ina GRM.

Et pourtant, il arrive qu’une certaine qualité malaisante et angoissée prenne le dessus dans les morceaux de l’Américaine, conçus à l’origine pour être performés sur scène. C’est le cas de cet EP directement édité par le label Portraits GRM de l’institution parisienne basée à la Maison de la Radio - et dont le festival Présences Électronique est loin ceci dit de manquer d’intérêt. Au programme, une compo à tiroirs de 16 minutes dont la dimension viscérale des dissonances, jeux sur les fréquences et autres distos bien que peu subtiles tranche joliment avec la prétention des liner notes à y voir "un plaidoyer pour les espaces sauvages face à la menace des activités humaines". Bien sûr, c’est en réalité beaucoup plus abstrait que ça, la musicienne alternant synthés saillants, fourmillements kosmische, field recordings aquatiques, sound design de pisto-lasers aux allures de cris de baleines en panique et musique classique pour machines rétrofuturistes, à la manière d’une bande originale imaginaire de film d’anticipation 70s : comprendre, datée avant l’heure et néanmoins dotée d’un charme singulier dans son mélange contre-nature d’ambition excessive et de spontanéité presque enfantine, quelque peu de bric et de broc (d’où le titre douteux de cet avis, tout aussi improvisé que la musique de l’intéressée). On vous laisse vous faire votre propre idée...



( RabbitInYourHeadlights )

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