Sortie le vendredi 28 mars 2025
1. FR 1
2. FR 2
3. FR 3
4. FR 4
5. FR 5
6. DE 1
7. DE 2
8. DE 3
9. DE 4
10. DE 5
11. DE 6
Si l’on a malheureusement été infoutu de vous monter une vidéo de cette rencontre pourtant filmée et enregistrée par nos soins, ce sont les artistes qui rectifient le tir puisque sort ce mois-ci un double album live des performances rares du guitariste Aidan Baker en compagnie de l’ensemble à cordes BOW, la première n’étant autre que ce concert Sulfure de novembre 2019 en petit comité, organisé au Vent se Lève (Paris, 19e) par votre serviteur.
"Le Canadien transcende sans ostentation, à la guitare et aux effets, les progressions néo-classiques tour à tour sombrement romantiques, menaçantes ou hantées du quintette belge comptant notamment dans ses rangs Otto Lindholm à la contrebasse. Un concert à coller des frissons que l’on aura pas vu filer tant la synergie des six musiciens s’est avérée captivante" écrivais-je il y a 5 ans (cf. #3 ici) à propos de cette date qui inaugurait leur collaboration. Rétrospectivement, cette grosse cinquantaine de minutes découpée en 5 mouvements impressionne tout particulièrement pour sa dynamique avec notamment la progression presque cinématographique de FR 1 et le lent crescendo de tension de FR 2, mais aussi sa capacité à fonctionner comme un véritable album studio avec ses longues plages d’immersion absolue, qu’il s’agisse d’un FR 3 tour à tour inquiétant puis onirique ou de l’insidieux FR 4 tout en trémolos, drones et frottements de crins fantomatiques.
Quant au live plus récent des mêmes musiciens enregistré à l’occasion du festival allemand Moving Noises en avril 2023, il s’avère d’emblée tout à fait différent avec cette dimension percussive des cordes frappées (DE 1), jouant par la suite beaucoup plus sur la dimension hypnotique, presque abstraite de nappes volatiles voire évanescentes comme souvent chez Baker (DE 2, DE 6). Tantôt minimaliste, feutré jusqu’au quasi silence et subtilement dissonant (DE 3, DE 5), tantôt plus élégiaque (DE 4), un complément idéal au concert précédent.
À noter que sortait quelques semaines plus tôt, non plus chez Cruel Nature mais sur la structure toulousaine BLWBCK, une autre captation tout aussi essentielle qui voit le guitariste de Nadja s’associer pour la première fois à Saåad (projet de Romain Barbot, le fondateur du label) et Frédéric D. Oberland (Oiseaux-Tempête, FOUDRE ! et on en passe). Un set beaucoup plus concis de 28 minutes environ, là encore pure improvisation enregistrée en mars 2024 et n’ayant jamais débouché sur aucune sortie studio (à ce jour du moins), mais finalement pas de regret à avoir à ce sujet tant le feeling spontané de leur rencontre est admirablement rendu par ce No Night Is Long Enough To Dream Twice : 5 mouvements emboîtés, surplombés par les sonorités orientales des flûtes et du saxo d’Oberland, exhalant des effluves futuro-mystiques comparables à celles d’Oiseaux-Tempête, la guitare liquéfiée de Baker couplée aux synthés modulaires de Barbot en accentuant l’atmosphère fantasmagorique à souhait.