1. Oceanfront Panopticon
2. Instamatic Voyeurism From the Comfort of Your Own Home
3. Sometimes the River You Come Out Of Is Not the One You Went Into
4. Holographic Projection of Environments or Digital Memory Palace
5. Ice Age Aerial or An Island No More
6. Everything You Think You See Is Ruins
7. Urban Drylands and Plants Without Borders
8. On The Precipice of Realizing Its Potential or Disappearing Completely
9. Admist Artificial Waves or Cinemapticon
10. Towers of Silence and No Sea Is Ever Quiet
11. I Will Not Die In The Cold Earth

Sortie le dimanche 16 mars 2025

Onze mois après le déjà très abouti Many People You Meet Tomorrow Will One Day Drown In The Sea, Ocean Teeth remet le couvert avec un I Will Not Die In The Cold Earth sans doute plus chill mais au moins aussi habité.

Alors évidemment, je ne suis pas tout à fait impartial puisque l’association d’Arnaud Chatelard (Innocent But Guilty, 154 fRANKLIN) et Eddie Palmer (Cloudwarmer, Fields Ohio, moitié d’Aries Death Cult), c’est pour moi l’équivalent d’une équipe de football emmenée par Diego Maradona et Johan Cruyff. Un tandem de virtuoses et d’esthètes, en somme.

Pourtant, le premier album avait été, me concernant, un petit peu plus long en bouche. Avec I Will Not Die In The Cold Earth, l’efficacité est immédiate. Naturellement, les deux compères sont capables d’accoucher de productions plus hantées et complexes. Mais ils choisissent d’opérer dans un domaine plus léger et le font avec brio.

Pour poursuivre avec les analogies extra-musicales, c’est comme une bonne sauce en cuisine. Si on n’y met pas les bons ingrédients ou que l’on manque de savoir-faire, c’est raté. Mais si l’on se trompe dans le dosage, le plat sera au choix fade ou écœurant. Sur cet opus, sans chercher à impressionner, l’habileté des musiciens offre à l’auditeur une pièce extrêmement juste sur le plan technique, où l’on reconnaît les sonorités et gimmicks chers à l’un et l’autre des protagonistes.

Mais c’est cette justesse, ce savant dosage entre accessibilité et ambition qui confère à l’album ce supplément d’âme propre aux grandes œuvres. Ocean Teeth ne se contente pas d’offrir à ses auditeurs ce qu’ils avaient envie d’entendre, il emprunte des portes dérobées et varie les schémas pour ne pas tomber dans le piège de la recette toute prête. En somme, on est sur du gastronomique sans chichi plutôt que sur du produit industriel.


Avec un ensemble aussi cohérent, difficile d’extraire des morceaux, même si l’enchaînement Instamatic Voyeurism From the Comfort of Your Own Home / Sometimes the River You Come Out Of Is Not the One You Went Into / Holographic Projection of Environments or Digital Memory Palace est d’une qualité ô combien réjouissante. On y retrouve ce trip-hop torturé, avec ses constructions à tiroirs, ses rythmiques renouvelées, ses synthés et pads à l’étonnante profondeur, ses éternelles voix narratives susurrées en arrière-plan lors des transitions, mais aussi des mélodies efficaces dans les basses et les milliers de détails qui justifient l’écoute au casque. Le parfait croisement entre le 154fRANkLIN tendance O.P.M. et Cloudwarmer, sans jamais que l’un ne marche sur les plates-bandes de l’autre.

Maradona et Cruyff n’ont jamais joué ensemble, alors réjouissons-nous de pouvoir savourer le travail d’une paire de chefs-d’orchestre de ce calibre. Vraiment. Un album de trip-hop chillesque peut tout à fait être ambitieux et mériter des écoutes compulsives. En voici la parfaite illustration partagée par le label Foolish Records.

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