Sortie le vendredi 4 avril 2025
1. Wave to Wave
2. Shedding Shadows
3. Mirages, Memories
4. Ahead of the Dawn
5. Sudden Fruit
6. Flowers of Gravity
7. Play Echoes
8. Waltz for returnal
9. Disperse
C’était sur le papier l’une des rencontres les plus intrigantes de ce début de printemps, confirmant après les sorties récentes de Mathias Delplanque et de Melaine Dalibert l’intérêt grandissant du label nancéien Ici D’Ailleurs pour l’ambient et le modern classical, par l’intermédiaire en particulier de la collection "Mind Travels" qui fêtait ses 10 ans l’année passée - et dont on attend tout spécialement fin juin la publication d’une autre collaboration qui promet.
On y retrouve en effet la pianiste et musicienne électronique Midori Hirano, Berlinoise d’adoption croisée notamment du côté des labels Sonic Pieces, Erased Tapes, Phantom Limb, Longform Editions ou même en tout début d’année chez Thrill Jockey (en compagnie du duo allemand Brueder Selke), associée cette fois à CoH, projet du Russe Ivan Pavlov aux presque 30 années de carrière dont les dernières sorties oscillent entre ambient et électronique expérimentale aux accents post-techno (cf. notamment le chouette Radiant Faults en 2023). Première surprise, ce dernier se fait d’emblée particulièrement discret, au service des mélodies de piano de la Japonaise.
À la croisée d’un modern classical ligne claire et d’une dynamique par moments presque jazz évoquant de loin les rondeurs mystiques du Gnostic Trio de John Zorn (Mirages, Memories), cette dernière prend donc les devants, au point que l’on en regrette d’abord un certain manque d’audace de la part de son compère désormais installé en France, que l’on avait connu plus stimulant. Aux passages évoquant quelque part une version easy listening des abstractions glitch/classical ambient d’Alva Noto avec le regretté Ryuichi Sakamoto (ou plus récemment de leurs géniaux héritiers de rand, encore bien trop sous-exposés), à l’image du minimal Wave to Wave, de l’épuré Play Echoes ou d’un Ahead of the Dawn aux rythmiques un peu trop simplistes, viennent toutefois répondre des morceaux au background ambient clair-obscur (le bien-nommé Shedding Shadows, Flowers of Gravity) voire parcourus d’une certaine tension bienvenue (Sudden Fruit, ou le plus insidieux Waltz for returnal tirant sur le dub), qui nous font peu à peu rentrer dans le cocon less is more de ce Sudden Fruit justement pas si soudain, jusqu’à la touche finale de romantisme éthéré d’un Disperse au piano solo qui en incarne parfaitement l’esthétique de la soustraction.
Beau disque !