Sortie le vendredi 4 avril 2025

1. Rom for hvile
2. Listening to Life
3. Cosmic Connections
4. Inner Space
5. Floating Moments
6. Escape
7. Echoes Within
8. Sun in the Dark
9. Memory Strands
10. Symphonic Keys
11. Predator’s Battlefield
12. The Spaces
13. Listening to the Stars
14. Tilbakeblikk
15. Disenchantment
16. Floating Summer
17. Kretsløpet
18. We Learn to Listen

Découvert via une collaboration inspirée avec son compatriote le trompettiste de Supersilent, Arve Henriksen (Sequential Stream en 2022, dont l’électro-acoustique aux lignes de piano tantôt romantiques ou déstructurées transcendait un jazz métamorphe aux élans mystiques voire fantasmagoriques), le Norvégien Kjetil Husebø nous avait régalés dans la foulée, l’automne dernier, d’un Emerging Narratives tout aussi dense et capiteux mais nettement plus ambient dans son onirisme réverbéré, substituant au clavier des nappes de synthés claires-obscures, et toujours les cuivres et flûtes élégiaques du susnommé.

C’est dire si l’on n’avait pas pris par son bout le plus représentatif l’oeuvre de ce musicien de formation classique, officiant depuis une grosse douzaine d’années dans un jazz métissé d’électronique et dominé par le piano à queue. Qu’à cela ne tienne, du haut de ses 18 titres pour plus de 90 minutes, le double album Piano Transformed - Interspace est justement un parfait condensé des travaux du Scandinave autour de son instrument de prédilection, une gamme allant du plus mélancolique (Listening to Life, Sun in the Dark, Listening to the Stars) au plus tourmenté (le discordant voire bruitiste Predator’s Battlefield), de méditations minimales tout en échos et reverbs épurés (Floating Moments, Echoes Within, Floating Summer) à la gravité des accords majeurs de tradition néo-classique malmenés en direct par des blips percussifs, crépitements et autres motifs de synthés entêtants (Escape, Memory Strands), d’un jazz ligne claire de ballade introspective (Tilbakeblikk) à des dissonances dignes d’un soundtrack horrifique zébré par les humeurs décadentes des machines et témoignant d’un sens de l’espace et du silence hérité du classique contemporain (dès l’introductif Rom for hvile, évocateur également de certains projets jazz-ambient de l’écurie Tzadik de John Zorn, puis avec Disenchantment ou le presque dark ambient Kretsløpet), .

Forcément, la teneur du projet et son ampleur pourront par moments donner l’impression d’une compilation plutôt que d’un album à proprement parler, mais même entre le dense et hanté Cosmic Connections et, par exemple, le piano solo réflexif et un brin affligé du final We Learn to Listen, la tonalité de l’instrument assure à l’ensemble le minimum de cohérence nécessaire à une immersion prolongée, au point que l’on se prend à écouter d’une traite ce disque fleuve aussi généreux que vertigineux.



( RabbitInYourHeadlights )

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