Sortie le vendredi 28 mars 2025
1. From Da Basement
2. Gnosis
3. Revolution
4. The Shit
5. U Already Know
6. Straight From The Gutter
7. Do It
8. Unstoppable
9. Kick The Ballistics
10. Space Jam
11. Beat & A Bassline
Changement de braquet depuis l’épique Thesis autoproduit l’an dernier par le vétéran new-yorkais (ex Cénobites au côté de Kool Keith dans la première moitié des 90s notamment, et coproducteur de ses Ultramagnetic MC’s), dont on vous parlait par ici. Associé à la paire de producteurs britanniques Jazz Spastiks (beatmakers récurrent pour l’Américain Atari Blitzkrieg, et dont la page Bandcamp témoigne d’une discographie déjà longue comme le bras), Godfather Don s’attaque en effet ici à une facette beaucoup plus feutrée du hip-hop à l’ancienne, évoquant autant les jazzmen dans l’âme du début des 90s, des Jungle Brothers à ATCQ en passant par Souls of Mischief (le downtempo cuivré de Gnosis, le groove débonnaire de Straight From The Gutter, les motifs hachés et la contrebasse de Kick The Ballistics ou encore les grelots d’Unstoppable, dont les allitérations ménagent paradoxalement un clin d’oeil appuyé à Pharoahe Monch et son crépusculaire Simon Says), que certaines productions plus récentes et baroques d’outre-manche, celles par exemple de Pimpernel Jones via son regretté duo néo-Daisy Age Herma Puma (Revolution).
Un univers plutôt smooth et ligne claire donc, d’une remarquable fluidité et à rebours des tendances clinquantes de l’époque avec ce beatmaking organique qui résonne comme en 1993, que le rappeur dynamise pourtant ici et là de son flow intranquille derrière une apparence posée, apportant par contraste une certaine urgence qui finit par prendre le dessus sur le tendu Beat & A Bassline, véritable petit tube en puissance, dans la foulée de l’électrisant instru Space Jam aux samples urbains particulièrement denses et aux scratches virtuoses. Car entre l’intro abstract (From Da Basement) et des interludes onirique aux samples vocaux typiquement hip-hop (The Shit) ou plus cinématographiques (Do It), les Jazz Spastiks (qui avaient déjà remixé le bonhomme il y a une grosse demi-douzaine d’années) ne sont pas pour peu de chose dans la réussite de l’album, infusant l’ensemble d’une certaine ambition narrative sans avoir l’air d’y toucher qui confère à ce Writer’s Delight une certaine profondeur par-delà sa légèreté de façade.
Autant dire que l’on ne regrettera malgré la présence des versions instru que la courte durée du disque, une grosse demi-heure tellement irrésistible que l’on aurait aimé profiter davantage des talents combinés de cet improbable trio transatlantique.