1. Xanax Paradise
2. In My Room
3. Deprecated
4. There’s Nothing Broken In My Mind
Difficile, par les temps qui courent, d’obtenir un rendez-vous rapide chez l’ORL. Aussi, l’écoute de Xanax Paradise, premier EP du groupe marseillais CLAQUE, nécessitera le respect de quelques précautions d’usage. Et la vérification du volume sonore de votre installation devra figurer en tête de votre check list. Car le moins que l’on puisse dire est que le trio noise rock ne fait pas dans la dentelle. Articulés autour d’un axe grunge / noise canal historique (on pense pêle-mêle aux premiers albums de Sonic Youth, Mudhoney ou Nirvana), les quatre titres défouraillent sévère, sans discontinuer, décapant les conduits auditifs des auditeurs à grands coups d’accords bruitistes et de fûts martelés.
Gare, toutefois, à ne pas se méprendre : la puissance de la salve ne sert pas, comme chez certains, de cache-misère à la qualité de compos. Car CLAQUE a des chansons. Et des bonnes. In My Room et son riff torturé auraient, par exemple, toute leur place sur Bleach. Refrain accrocheur, gestion dynamique du morceau, performance de haut vol de Vincent, screamer en chef et - par ailleurs - âme de Sable Sorcière : tous les éléments du tube indé sont réunis. En 1992, la vidéo aurait tourné en boucle sur MTV. Et on aurait entendu le morceau dans un épisode de "Daria". Deprecated creuse le même sillon, mais à la pelleteuse, faisant la part belle à la frappe de Panos et à la quatre cordes goudronnée de Pierrot. Le morceau éponyme - qui est aussi celui qui ouvre l’EP - développe quant à lui une atmosphère hantée, toute en tension retenue, traversée par de violentes déflagrations libératrices. Pas sûr que les fabricants d’alprazolam s’emparent du titre pour sonoriser leur prochaine campagne publicitaire. Mais est-ce vraiment un problème ?
Pour autant, Xanax Paradise n’a rien d’un disque de bourrin. La science de la composition du trio s’exprime d’ailleurs dans chaque titre, alternant les moments d’accalmie et les éruptions électriques, augmentant et diminuant la pression selon ce qu’exigent les morceaux. Et si There’s Nothing Broken In My Mind voit surgir des réminiscences du Bless Off de The Shrine, c’est pour mieux les atomiser à coups de guitares perceuses et de hurlements possédés dans ce qui ressemble le plus à un mélange de stoner et de noise rock.
Il n’y a donc rien à jeter dans ces quatre titres : Xanax Paradise est un sans faute, un carré d’as. Summum du bon goût, l’EP paraît sous le double patronage de Cœur Sur Toi et de Ganache Records dans une édition cassette au prix défiant toute concurrence. Une suite est en chantier. L’hexagone est prévenu.