Sortie le vendredi 12 septembre 2025
1. Aviary I | Sunrise
2. Rain On The Canopy | Melting Sky
3. At Midnight On A Black Sand Beach, The Raging Tides Begin To Speak
4. The Sky Breaks Open
5. Glimmers In The Ocean Deep
6. Volcano △
7. Clearing, Crickets
8. Aviary II | Air
Croisé dans le groupe de Son Lux qui n’emballe plus vraiment la rédaction d’IRM depuis le virage grandiloquent de Lanterns en 2013, le guitariste et producteur new-yorkais Rafiq Bhatia avait commencé à sortir des albums solo plus ou moins à la même période, à raison d’un disque tous les 6 ou 7 ans, ce qui fait de celui qui nous occupe ici son 3e long format. Heureusement toutefois, malgré une présence diffuse de l’électronique, on n’est pas vraiment ici dans le même genre d’univers, et s’il fallait trouver une filiation au bien-nommé Environments, elle serait plutôt du côté du trompettiste norvégien Arve Henriksen et de son groupe Supersilent, tant pour les atmosphères fantasmagoriques tirant sur le dark ambient électronique d’où surgit à intervalles réguliers la trompette tantôt méditative et solaire ou plus plaintive et dissonante de Riley Mulherkar, que pour une certaine fascination pour la géographie, la nature et ses forces élémentaires.
S’y ajoutent des crescendos de fûts en roue libre et de guitare électrique (Aviary I | Sunrise), dont l’alternance entre nappes saturées et arpèges cristallins témoigne de la belle versatilité du jeu de l’Américain et de ses compositions étrangement bucoliques - les field recordings omniprésents évoquant quelque jungle extraterrestre à la nuit tombée, jusqu’à même prendre le dessus sur les très ambient et naturalistes At Midnight On A Black Sand Beach, The Raging Tides Begin To Speak et Aviary II | Air, où la trompette n’est plus qu’un souffle cacochyme au second plan. Ainsi, l’album nous rappelle également aux atmosphères tropicales d’un Mike Cooper ou même à certains projets du label Tzadik de John Zorn dans ses moments les plus free et déstructurés (The Sky Breaks Open, Volcano △), voire parfois aux débuts du clarinettiste Jeremiah Cymerman, New-Yorkais lui aussi, pour cette qualité cinématographique et tribale au magnétisme ambient-jazz assez saisissant (Glimmers In The Ocean Deep).
Un trip intense et habité, qui sait aussi temporiser et se recentrer sur la mélodie, notamment le temps du superbe duo cuivre/guitare de Clearing, Crickets dont les exhalaisons de la trompette au souffle apparent incarnent littéralement cette impression de respiration mélancolique, de break cotonneux au milieu de l’agitation des éléments.