De La Soul Cabin In The Sky

Sortie le vendredi 21 novembre 2025

1. Cabin Talk (Album Intro) (feat. Giancarlo Esposito / prod. De La Soul)
2. YUHDONTSTOP (prod. Trugoy The Dove)
3. Sunny Storms (prod. DJ Premier)
4. Good Health (prod. Supa Dave West)
5. Will Be (feat. Yummy Bingham / prod. Posdnuos)
6. The Package (prod. Pete Rock)
7. A Quick 16 For Mama (feat. Killer Mike / prod. Nottz)
8. Just How It Is (Sometimes) (feat. Jay Pharoah & Gareth Donkin / prod. Erik & Joshua)
9. Cruel Summers Bring FIRE LIFE !! (feat. Yukimi / prod. Posdnuos & Trugoy The Dove)
10. Day In The Sun (Gettin’ Wit U) (feat. Q-Tip & Yummy Bingham / prod. Supa Dave West)
11. Run It Back !! (feat. Nas / prod. Supa Dave West & De La Soul)
12. Different World (feat. Gina Loring / prod. Pete Rock)
13. Patty Cake (prod. Jake One & Sam Wish)
14. The Silent Life Of A Truth (prod. DJ Premier)
15. EN EFF (feat. Black Thought / prod. DJ Premier)
16. Believe (In Him) (feat. Stout, K. Butler & The Collective / prod. Supa Dave West)
17. Yours (feat. Common & Slick Rick / prod. Pete Rock)
18. Palm Of His Hands (feat. Bilal / prod. De La Soul, Kiefer & Pete Rock)
19. Cabin In The Sky (prod. Supa Dave West)
20. Don’t Push Me (prod. Trugoy The Dove)

Si l’on ne croyait plus depuis longtemps en De La Soul et encore moins depuis le décès prématuré de son MC David Jude Jolicoeur aka Trugoy the Dove il y a deux ans et demi, sur le papier l’ambition était louable : payer tribut au regretté membre fondateur du trio, disserter sur la vie, la mort et les petits anges partis trop tôt, tout en offrant un boulevard de collaborations à une tripotée de prodos et de rappeurs vétérans de la même génération. Accueil critique dithyrambique, joie non dissimulée des fans, on pensait l’essai transformé et pourtant, ce Cabin in the Sky n’est pas loin de concurrencer dans la médiocrité les sorties estampillées Wu-Tang Clan cette année, dont certaines défendues par le même label Mass Appeal de l’ami Nas, désormais spécialisé via sa série "Legend Has It..." dans les retours aseptisés de légendes qui n’ont plus l’étoffe de nos héros d’antan (à vrai dire, c’est encore Slick Rick qui s’en tire le mieux en 2025 avec son inégal mais parfois inspiré Victory de juin dernier).

Dès l’intro, le résultat est à côté de l’intention : l’acteur Giancarlo Esposito, monsieur loyal de ce cirque nostalgique connu pour ses rôles dans "Breaking Bad" ou certains des premiers Spike Lee, fait l’appel des guests présents via une interminable intro (de près de 3’20 tout de même, sur de la musique d’ascenseur) qui échoue dans l’humour puis finit par chercher l’émotion sans la trouver. Poussif, comme le seront la plupart des tracks aux samples faciles (Roberta Flack, Roy Ayers) voire douteux (The Police, Bananarama... ?!) de cet album-musée au groove téléphoné, qui bien que le metteur en son des increvables hymnes crayola de 3 Feet High and Rising soit finalement absent au line-up, sonne davantage comme un Prince Paul daté aux intermèdes narratifs fatigants (le surcoté A Prince Among Thieves, au hasard) qu’à la manière ironique et audacieuse d’un Handsome Boy Modeling School - projet auquel De la Soul participa dans ses dernières belles années.

Sans douter le moins du monde de la sincérité des initiateurs de cet opus et de leurs invités, le résultat, passé le charmant YUHDONTSTOP sur une production de Trugoy que ses compères ont eu la bonne idée de ressortir des tiroirs, n’est simplement jamais à la hauteur, versant régulièrement dans un hédonisme tantôt discoïde et criard (Believe In Him), soul et dégoulinant (A Quick 16 for Mama, avec un Killer Mike ramollo) ou quelque part entre les deux, à la fois dansant et infusé de cette même mièvrerie r’n’b qu’on voudrait nous vendre pour de la magie (Just How It Is Sometimes, Cruel Summers Bring FIRE LIFE !!, Cabin In The Sky), flirtant ici et là avec une nu soul poppy au rabais (Day In The Sun, où même le flow de Q-Tip n’est plus ce qu’il était, ou Palm Of His Hands, tiédasse à l’image de toutes les productions de Pete Rock sur le disque, en dépit des quelques élans avortés de The Package) voire même pourquoi pas un ersatz sans folie de Kanye West circa 2004-2005 (Run It Back !!, avec Nas, heureusement égal à lui-même), incarnation quelque part des derniers sursauts mainstream du Daisy Age. Sans surprise, c’est encore Black Thought qui s’en sort le mieux sur EN EFF, décemment mis en musique par un DJ Premier dont les deux autres instrus ici sonnent au mieux anecdotiques, tandis que le has-been en chef, Common, confirme sur Yours qu’on n’a vraiment plus envie de l’entendre rapper en 2025.

Faut-il donc être aigri pour ne pas aimer cet album, ou simplement imperméable à cette nostalgie racoleuse qui prend désormais d’assaut même le hip-hop ? La réponse tient peut-être dans notre appréciation sans borne des dernières sorties d’Arrested Development, contemporains surestimés à l’époque des télescopages mélodiques enchanteurs des premiers de De La Soul mais qui eux ont trouvé la flamme 30 ans après dans un esprit apparenté, tandis que ces derniers laissaient la leur s’éteindre à petit feu. En espérant qu’une nouvelle collaboration annoncée avec Prince Paul nous fasse mentir...

( RabbitInYourHeadlights )

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