Sortie le vendredi 19 septembre 2025

1. The Whale
2. Safety
3. Heads
4. Hit The Verge
5. Togetherness
6. Move Ourselves
7. Rivers
8. Make It Work

Si nous-mêmes qui avions il y a quelques années fait jouer la Néerlandaise à notre Sulfure Festival, et chroniqué pratiquement tous ses disques depuis l’époque du dernier Sleepingdog (pas loin de 15 ans déjà), étions passés à côté de la sortie de The Whale aux prémices de l’automne, nous sommes probablement loin d’être les seuls. De quoi expliquer l’absence de chronique en Français de ce nouvel opus, à l’exception d’une paire de magazines jazz belges probablement tombés amoureux de Chantal Acda à l’occasion de son précédent sommet Silently Held, enregistré avec un véritable petit ensemble qui comptait notamment dans ses rangs Bill Frisell et Colin Stetson.

ici toutefois, passé un morceau-titre aux motifs de piano encore assez jazzy (et dont la mélodie d’une chaleureuse mélancolie en évoque d’autres parmi les plus belles dans sa discographie), l’Anversoise d’adoption renoue avec une pop ourlée d’électricité plus ou moins feutrée et d’arrangements délicats, signant l’album avec son groupe de tournée qui pour la première fois a participé à l’écriture des morceaux. Produit par Chris Eckman des Walkabouts, comparse de la musicienne au sein du trio Distance, Light & Sky (son projet le plus "rock", bien qu’à dominante acoustique), on retrouve ainsi au générique de The Whale le fidèle batteur Eric Thielemans (également aux fûts de ces derniers, et accessoirement collaborateur récurrent des géniaux Kreng et Oren Ambarchi), le bassiste Alan Gevaert, le guitariste/claviériste Gaetan Vandewoude (lequel côtoie aussi Chantal au sein d’Isbells) et Niels van Heertum aux cuivres.

Et le moins que l’on puisse dire, sans mauvais jeu de mots cette fois et comme souvent avec l’auteure du merveilleux The Sparkle In Our Flaws qui fêtait récemment ses 10 ans, c’est que c’est assez fameux, des moments de tension toute batterie en avant - qu’ils soient syncopés (l’anxieux Safety) ou incandescents (ce Heads au 7 minutes de crescendo presque post-rock) - à ceux où le spleen acoustique reprend le dessus (le caressant Hit The Verge rythmé aux balais avec ses cuivres languissants, puis l’évanescent Move Ourselves dont l’ouverture toute en nappes texturées n’est pas sans évoquer la période ambient de Chantal au côté d’Adam Wiltzie, et finalement la ballade folk Rivers), en passant par les élans libertaires d’un Togetherness dont la fraîcheur lyrique et l’instrumentation métissée convoquent étonnamment le meilleur des années 80.

Un petit classique instantané en somme, à l’image du final Make It Work et de sa ferveur rugueuse et cuivrée, symbole de cet équilibre assez miraculeux entre spontanéité et sens de l’enluminure subtile et travaillée qui caractérise la plupart des sorties de cette grande dame, toujours pas suffisamment connue et reconnue chez nous.



( RabbitInYourHeadlights )

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