1. The Mending of the Gown
2. Magic Vs. Midas
3. Up on Your Leopard, upon the End of Your Feral Days
4. The Courtesan Has Sung
5. Winged / Wicked Things
6. Colt Stands Up, Grows Horns
7. Stallion
8. For the Pier (And Dead Shimmering)
9. The Taming of the Hands That Came Back to Life
10. Setting Vs. Rising
11. Trumpet, Trumpet, Toot ! Toot !
12. Child-Heart Losers
Sortie le mardi 9 octobre 2007
Troisième album pour Sunset Rubdown et l’infatigable Spencer Krug qui continue d’émerveiller avec son rock urgent et fiévreux. Random Spirit Lover s’apparente au Bowie berlinois rejoignant Captain Beefheart de l’autre côté du Styx, le romantisme exacerbé élevé au rang de folie destructrice.
Dans la grande famille du rock canadien, Spencer Krug est le stakhanoviste présent dans pas moins de quatre groupes : Wolf Parade, Swan Lake, Frog Eyes et Sunset Rubdown, que l’on peut considérer comme son projet solo. Dans une industrie musicale qui marche décidément de plus en plus sur la tête, voilà que le troisième album de Sunset Rubdown, Random Spirit Lover est distribué en France en même temps que son prédécesseur, le sublime Shut Up I Am Dreaming sorti l’année dernière aux Etats-Unis. C’est donc une double occasion de se plonger dans l’univers hors-norme de Spencer Krug, un univers composé de chansons étranges faites de poésie abstraite et de mélodies fracturées enfouies sous un enchevêtrement de claviers maltraités, de rythmiques martelées et de guitares torturées à l’extrême.
La musique de Sunset Rubdown est une expérience à part entière, une mise à l’épreuve de l’apprivoisement des sens, elle bouscule les certitudes et devient le vecteur du doute et du questionnement individuel. Impossible à dompter, elle déconcerte autant qu’elle attire, fait naître la mélodie pour lui faire subir les pires sévices. Le chant survolté et totalement désinhibé de Spencer Krug s’invente des paraboles sans point de chute, les lignes de voix empreintent des chemins cahotiques dont l’issue semble toujours incertaine.
Derrière lui, son groupe au rôle plus important que sur Shut Up I Am Dreaming, assure le concassage en règle des mélodies, vient troubler la quiétude d’un mélodica mélancolique (Magic Vs Midas), avant de dresser un pont entre Montreal et Dublin (Up On Your Leopard, Upon The End Of Your Feral Days). En équilibre précaire, le rock désincarné de Sunset Rubdown se veut progressif, parfois un peu trop quand il évoque l’espace d’un instant les dinosaures du genre (Colt Stands Up, Grow Horns proche de la bande son d’un film de série Z), une impression vite effacée par la pop psychédélique rêveuse de For The Pier (And Dead Shimmering) comme du Animal Collective au souffle épique. Comme chez les new-yorkais, il y a dans la musique de Spencer Krug, la même innocence perdue retranscrite par la naïveté qui s’échappe des choeurs enfantins du génial The Taming Of The Hands That Came Back To Life, chanson en forme de refuge face à un monde pas si imaginaire que ça, flirtant avec le chaos. Au final, Random Spirit Lover nous offre douze morceaux à la beauté violente et cruelle.
Spencer Krug confirme son statut de songwriter d’exception continuant avec Sunset Rubdown à composer une sorte de B.O. indispensable pour tous les Child-Heart Losers de cette terre, des gens qu’on imagine ayant grandi trop vite, avec un trop-plein émotionnel comme simple bagage pour un voyage qu’il n’ont pas forcément choisi.
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