Sortie le mardi 29 avril 2008

1. The Pow Wow
2. Rising Down (Hum Drum) (feat. Mos Def & Styles P)
3. Get Busy (feat. Dice Raw & Peedi Peedi)
4. @ 15
5. 75 Bars (Black’s Reconstruction)
6. Becoming Unwritten
7. Criminal (feat. Truck North, Saigon & Kevin Hanson)
8. I Will Not Apologize (feat. Porn, Dice Raw & Talib Kweli)
9. I Can’t Help It (feat. Malik B, Porn, Mercedes Martinez & Dice Raw)
10. Singing Man (feat. Porn, Truck North & Dice Raw)
11. Up There (Unwritten) (feat. Mercedes Martinez)
12. Lost Desire (feat. Malik B & Talib Kweli)
13. The Show (feat. Common & Dice Raw)
14. Rising Up (feat. Wale & Chrisette Michelle)
15. Birthday Girl (feat. Patrick Stump - bonus track)

Production fantomatique, guitares désenchantées, basse menaçante, synthé gothique, batterie tranchante comme les canines du vampire black de la pochette, les Roots n’ont pas enregistré Rising Down pour rigoler. Deux ans après les charmantes redites de l’inégal Game Theory, le septet de Philadelphie mené par le MC Black Thought et le batteur/producteur Questlove systématise les accès de noirceur de morceaux comme In The Music ou Here I Come, passant le groove au second plan pour lorgner du côté du Public Enemy de There’s A Poison Goin’ On, de Tricky ou même de Massive Attack, dont l’influence du fantastique single électro/hip-hop I Against I interprété en 2002 par Mos Def se fait notamment sentir sur I Can’t Help It avec ses beats syncopés profonds et vénéneux, ses drones électro hypnotiques et le flow suintant le danger de l’intermittent du groupe, Malik B.

On parlait de Mos Def, il fait justement partie au même titre que Talib Kweli ou Common, pour les plus connus, des invités discrets de ce huitième album studio, lesquels sont tous parvenus à se fondre à la perfection dans cet univers désabusé mais pas totalement désespéré, allégorie d’une humanité essayant tant bien que mal de se relever de la fange dans laquelle elle s’est elle-même faite trébucher.

Fidèles à leurs habitudes, les Roots continuent par ce biais de porter un regard à la fois critique et ouvertement engagé sur la communauté noire (cf. le dévastateur et virulent 75 Bars sur lequel Black Thought ouvre les vannes à la sourde violence de son ressentiment), en quête de cette fierté perdue, d’être noir forcément mais avant toute autre considération, d’être humain.

Un humanisme qui nous réserve à nouveau son lot de morceaux crève-cœur, à commencer par le fervent Criminal mais plus encore Singing Man, habité par le chant légèrement plaintif de Dice Raw - véritable révélation de ce nouvel opus - et qui figure déjà parmi les chansons les plus belles et poignantes de 2008.

L’album se termine tout de même sur une note plus optimiste avec un Rising Up plein d’espoir, puis en bonus le très enlevé et léger Birthday Girl et son refrain pop interprété par Patrick Stump, leader du combo chicagoan Fall Out Boy : sous ses allures dispensables, une soupape de sécurité bien nécessaire pour se remettre de ce petit chef-d’œuvre ténébreux dont la puissance parfois étouffante pourra nécessiter plusieurs écoutes, avant de finalement l’imposer comme l’un des sommets de la discographie de ce combo hip-hop hors-normes.



( RabbitInYourHeadlights )

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