Sortie le lundi 6 octobre 2008
1. Mystery
2. Little Fucker
3. And How
4. Teddy Bear
5. We Are Mean
6. Stop The Horse
7. Bilocating Dog
8. The Mad Passion Of The Stoic
9. Phil The Fiddler
Ballades folk-rock downtempo, country-pop gentiment électrisée, mélodies fédératrices... Vic Chesnutt, symbole vivant d’un underground folk ricain fervent et déglingué aurait-il accouché avec Elf Power, représentant du label d’Athens Elephant 6 connu pour son dynamitage en règle des codes de l’indie-pop (Of Montreal, The Apples In Stereo ou encore feu The Olivia Tremor Control en sont également issus), d’un album d’américana tout ce qu’il y a de plus classique et balisé ? Rien n’est moins sûr...
Car sous ses allures pépères, la musique troussée par cette association improbable (surtout un an après un North Star Deserter qui avait vu les artilleurs soniques du label Constellation donner une nouvelle dimension plus imposante à l’univers du songwriter écorché, tout en guitares tendues et cordes orageuses) complétée par la participation ponctuelle du mystérieux groupe The Amorphous Strums ne se contente pas de caresser l’auditeur dans le sens de la barbe, mais regorge en réalité de micro-dérèglements répondant de façon aussi jubilatoire que discrète aux facéties littéraires de Chesnutt (Stop The Horse et son picking dissonant au second plan, les tâtonnements psychédéliques circonspects de And How
ou encore le handclapping mou qui accompagne la déprimante histoire de Bilocating Dog, à laquelle les choeurs eux-mêmes n’ont pas l’air de vouloir prêter attention jusqu’à ce que Chesnutt ne finisse par se prendre au jeu, entraînant tout ce petit monde avec lui), dont l’ironie va même jusqu’à prendre la forme d’une solennité de façade trop satirique pour être honnête (We Are Mean, où toute la joyeuse bande s’amuse à feindre des accès de grandiloquence glam).
Ainsi, des babillages d’ouverture de Mystery au psychédélisme fatigué de Phil The Fiddler dont l’écriture absurde et décalée n’est pas sans rappeler par moments un certain Frank Black, en passant par ce break qui amène le mystère au milieu de Little Fucker, Teddy Bear dont la section rythmique pratiquement reggae se teinte de claviers cosmiques détraqués, ou encore The Mad Passion Of The Stoic, complainte entrecoupée d’arpèges sinueux à la Tortoise qui laisse enfin place à la poésie à fleur de peau de Chesnutt, on se dit que Dark Developments, en apparence mineur pour lui comme pour Elf Power (dont le 10ème album en 15 ans, In A Cave, est sorti en mars dernier), pourrait fort bien se transformer aux oreilles de certains, après une poignée d’écoutes posées, en ce genre d’objet de culte secret dont on imagine être le seul à apercevoir les clins d’oeil feutrés, et qu’on hésite dès lors à partager pour ne pas briser cette charmante et précieuse illusion.